samedi 26 décembre 2009

Débits de boisson

Si la 604 SL (V6 PRV carbu, 136 ch), commercialisée entre 1975 et 1981 est loin d'être un modèle en matière de consommation de supercarburant, une palanquée de hauts de gamme de la même époque faisaient à peine mieux, voire souvent bien pire. La preuve par les mesures de l'Auto-Journal et consorts(*).

 

Quitte à parler conso, abordons cet épineux sujet avec quelques autos à moteur rotatif, soiffardes invétérées. La NSU Ro 80 (birotor 115 ch) fait l'objet d'un essai longue durée sur 50 000 km par l'A-J, ses essayeurs n'ayant pas ménagé la pédale d'extrême droite (comprenne qui pourra... !). Le parcours se composant de 35 000 km sur route, 12 000 sur autoroute et le reste en ville. Verdict : 18,75 litres en moyenne, pour cette pourtant très aérodynamique et avant-gardiste berline mesurée à 173 km/h en pointe.

Une seule marque française à osé ce type de motorisation: Citroën. La GS birotor (105 ch) est testée en 1974, avec les mesures suivantes: 11,4 l à 90 / 14,2 à 130 et 20,9 l à 160 km/h. Nipon ni mauvais, comme dirait mon ami Serge enquillant les ballons de Côtes au Reinitas du coin... Autre curiosité "birotorisée", la Mazda RX2. Première berline au monde flanquée du fameux moteur Wankel , elle nait  -comme votre serviteur mais on s'en fiche - en 1972. Forte de 115 chevaux – ce moteur sera repris quelques années plus tard sur les célèbres coupés RX7), elle engloutit le super avec délectation: 15, 1 l à 130 et... 23,4 l à 170 km/h.

Pas pire que la 604, oserait-on dire...


Les archives de notre ami breton font ressortir deux essais de 604 SL en 1975, avec, en vitesse stabilisée ces chiffres impressionnants: 12,9 l à 120 km/h, e... 28 (!) litres à la vitesse maximale mesurée, entre 178 et 180 km/h. La version Ti de 1978 progresse – heureusement - , avec 11,1 litres à 120, gagnant environ trois litres à la vitesse maxi qui reste identique. 20% de conso en moins, merci l'injection Bosc K-jetronic !

Coté moteurs alimentés par carbu, les mesures de deux icônes british affolent les compteurs (de la station service, of course), avec des consos suivantes à respectivement 100, 120, 140, 160, 180 km/h et V.max ):
  • Rolls Royce Spirit (1981): 15,8 / 17,9 / 21,4 / 28 / 35 / 37,4 à 185 km/h (v.max)
  • Range Rover (1971): 14,8 / 18,4 / 24,1 / 32,2 à 157 km/h (v.max). NB: « pilier de l'A-J », André Costa fit une boucle d'essai de 480 kilomètres avec un Range, dont 280 sur l'autoroute A6 (sans dépasser 139 km/h). Résultat: 25, 4 l/100 en moyenne !

Passons Outre-Rhin

Intéressons-nous par exemple au cas d'un des plus belle « überberlines » des 70 et 80s, j'ai nommé la BMW 745 I (E32). Lancée en 1981, elle est une évolution de la 732i (6 cylindres en ligne 3.2 l, greffée d'un gros turbo KKK. Passée sous la moulinette du très scrupuleux banc d'essai de l'AJ, le résultat « plombe » : 13,1 l à 120 km/h / 20 l à 160 / 27,6 l à 180 / 37 l à 200 et... 42,7 l à la V. max, mesurée à 215 km/h.
Sa concurrente de Stuttgart est une grosse gloutonnes, tout comme le 4x4 280 GE de 1981, malgré leur injection électronique: (consos à respectivement 100, 120, 140 et 160 km:h, etc.):
  • 450 SEL 6,9 (1976): 14,9 / 16,6 / 19,2 / 23,1 et 30 à 190 km/h
  • 280 GE (1981): 14,8 / 17,9 / 23,4 / 31,8 (V. Max : 156 km/h).
  
(*): merci Clair, administrateur du site www.xj-story.com 
A lire: guide achat de la Mercedes 450 SEL 6.9 (W116) sur automobile-sportive.com


dimanche 16 août 2009

Le diable s'habille en Alfa !

Quelle allure cette berline ! Je l'ai toujours préférée à sa "jumelle" née dans le studio de design de Pinifarina à Turin...je veux bien sur parler de la Peugeot 605, sortie quelques mois avant cette 164.












jeudi 7 mai 2009

Le moteur de l'Audi quattro monte dans le break!

L'Audi 200 Avant est une voiture un peu spéciale. A sa sortie en 1984, deux ans après la berline 100 et un an après la 200 turbo, sa carrosserie "fastback" à l'arrière fortement incliné - clin d'oeil à l'Audi 100 Coupé de 1971 ne rallia pas tous les suffrages...


Pourtant, ces lignes particulièrement aérodynamiques (Cx record de 0,32) n'étaient pas dépourvues d'une certaine élégance, et elles affichaient une robustesse rassurante et une finesse de réalisation impressionnante (voir les encadrés de portes notamment). Après le restylage de 1988 qui apporte - entre autres - un tableau de bord quasiment identique à celui de l'exclusive Audi V8 sortie en 88, la 200 atteint un an plus tard le sommet de sa carrière avec la version Quattro 20 V, qui hérite du moteur de la fameuse Audi Quattro, reine des rallyes à l'époque. Par rapport à la version 200 turbo standard, la puissance passe de 182 à 220 ch grâce aux deux arbres à cames en tête et aux quatre soupapes par cylindre, ainsi qu’à une injection électronique Bosch Motronic. Le couple fait un bond à 30,9 mkg obtenus à seulement 1950 tr/mn et le 0 à 100 km/h est abattu en moins de 8 secondes. Avec plus de 230 km/h, cette Audi 200 Avant Quattro 20 V était assurément un, voire LE" break le plus rapide du monde!

Avec sa carrosserie à la finition léchée, son habitacle superbement réalisé et sa technologie au top (5 cylindres, 20 soupapes, transmission intégrale), la plus versatile des Audi haut de gamme ne craignait pas grand monde au milieu des années 80. Certes, elle coûtait aux alentours de 300 000 francs, une barre psychologique bien impressionnant à l'époque (en 2009, ce n'est "que" 45 000 petits euros !), mais un break Mercedes 300 TE-24 (6 cylindres, 220 chevaux) dépassait largement ce seuil. Chez BMW, la vieillissante série 5 ne disposera pas de version Touring avant 1992 avec la nouvelle génération "funfer".
Chercher une rivale à cette Audi "break" 20 soupapes, c'est un peu chercher l'aiguille dans la botte de foin. Il y avait bien d'autres breaks puissants chez Opel (l'Omega 3000 24v) ou Volvo (la 960), mais ils étaient largement dominés par le niveau "high tech" de cette 200 Avant de la marque bavaroise.



Un break intégral, 20 soupapes et un turbo, capable de filer à 230 km/h... Une propsoition inégalée à l'époque. Dès la fin des années 80, la marque aux anneaux avaient déjà effectué une énorme avancée sur la route du premium, forçant avec talent la porte du club jusque là très fermé et occupé par BMW et Mercedes, en jouant sur une offre décalée et originalement technologique.



Fiche technique de l'Audi 200 Avant Turbo 20v Quattro
Audi 200: évolution de l'espèce
Chronologie des modèles Audi




samedi 25 avril 2009

Election des Meilleurs Youngtimers et des Classiques et du futur

Plus de 16 000 lecteurs du magazine Motor Klassik ont rendu leur vertict. Interrogées sur un panel de modèles sortis en 1979 et en 2009, Ils devaient élire ceux qui, selon eux, sont déjà des classiques, et les modèles qui ont le potentiel pour le devenir dans 30 ans. Sur 14 catégories, la marques Mercedes-Benz l'emporte 6 fois. Les résultats ont été dévoilés lors d'une soirée au Musée Mercedes de Stuttgart le 21 avril.

Le 4x4 Mercedes Classe G gagne deux fois, à trente ans d'écart




Dans la catégorie véhicules tout-terrain, le Mercedes Classe G remporte les deux prix, pour le millésime 79 et 2009. La Mini s'adjuge pour sa part la seconde place de sa catégorie, encore dans les deux millésimes. Pour les petites voitures 2009, c'est le Fiat 500 qui l'emporte, avec plus de 35% des voix. Chez les berlines moyennes, le design Alfa fait visiblement toujours chavirer les coeurs: la 159 de 2009 l'emporte, (17,2% des voix), devançant de deux petits points la Mercedes Classe C. Pour les berlines sorties il y a trente ans, la BMW 323i fait le plein de voix avec quasiment la moitié des suffrages!

Mercedes maître quasi absolu du haut de gamme

Dans la catégorie des grandes routières, encore une voiture étoilée! Le coupé Mercedes 280 CE rafle 30,9% des votes, devant ... une française (enfin!) : la Citroën CX 2400 GTI (14,5 %). Même duo de marques trente millésimes plus tard, le fameux coupé quatre portes Mercedes CLS devançant la Citroën C6 avec un écart encore plus important: 38% contre 9,5%.

Plus haut en gamme encore, dans la catégorie luxe, c'est ici la chasse gardée de la marque de Stuttgart: deux modèles, la 600 et la 450 SEL 6,9 l'emportent . Pour les voitures de 2009, l'étoile s'efface, laissant d'autres emblèmes encore plus prestigieux briller à leur tour: la Maserati Quattroporte (29,6 % des voix), devance la Rolls-Royce Phantom (10,8 %) et la Bentley Continental F.S. (8,9 %).

Coté voitures de sport, la BMW M1 s'adjuge le vote pour le millésime 79 avec 20,6% des voix, dépassant deux Porsche: la 911 Turbo 3.3 (17,5 %) et la 911 SC (14,0 %). Pour 2009, la "tueuse de 911", l'Audi R8 gagne d'une très courte tête devant l'actuelle 911. L "hypercar" Bugatti Veyron termine troisième. Très prisée des amateurs de voitures anciennes, la catégorie cabriolets voit, pour 1979, encore une Mercedes gagner, la 450 SL devançant largement, avec 26,1 % des voix, la VW Coccinelle cabriolet (17,1 %). Trois décennies plus tard, les voitures de rêve sont à l'honneur: le tiercé d'arrivée est le suivant: Alfa Romeo 8C Spider (16,4 %), Mercedes SL (9,8 %) , Porsche 911 Cabriolet (9 %).

Les résultats par catégorie
- Petites voitures
1979: 1. VW Golf 27,1 %, 2. Austin Mini (22,2 %), 3.Citroën 2 CV (15,1 %)
2009: 1. Fiat 500 (35,4 %), 2. Mini (25,3 %), 3. Smart Fortwo (13,7 %)

- Berlines moyennes
1979: 1. BMW 323i (46,0 %), 2. Saab 900 (19,1 %), 3. Volvo 240 GL (9,22 %)

2009: 1. Alfa Romeo 159 (17,2 %), 2. Mercedes-Benz Classe C (15,1 %), 3. Lancia Delta (9,2 %)
- Grandes routières
1979: 1. Mercedes-Benz 280 CE (30,9 %), Citroën CX 2400 Gti (14,5 %), 3. BMW 528i (9,4 %)
2009: 1. Mercedes-Benz CLS (37,9 %), 2. Citroën C6 (9,5 %), 3. Audi A6 (7,2)

- Berlines de luxe
1979: 1. Mercedes-Benz 600 (28,9 %), 2. Mercedes-Benz 450 SEL 6.9 (16,5 %), 3. Jaguar XJ 5.3 (16,1 %)
2009: Maserati Quattroporte (29,6 %), 2. Rolls-Royce Phantom (10,8 %), 3. Bentley Continental F.S. (8,9 %)

- Sportives
1979: 1. BMW M1 (20,6 %), 2. Porsche Turbo 3.3 (17,5 %), 3. Porsche 911 SC (14 %)
2009: 1. Audi R8 (15,9 %), 2. Porsche 911 (15,1 %), 3. Bugatti Veyron (9,5 %)

- Cabriolets
1979: 1. Mercedes-Benz 450 SL (26,1 %), 2. VW Coccinelle Cabriolet (17,1 %), 3. Porsche 911 SC Targa (16,1 %)
2009: 1. Alfa Romeo 8C Spider (16,4 %), 2. Mercedes-Benz SL (9,8 %), 3. Porsche 911 Cabriolet (9,0 %)

- Tout-terrain
1979: Mercedes-Benz 280 GE (29,9 %), 2. Land Rover S.W. (20,5 %), 3. Range Rover V8 (17,3 %)
2009: 1. Mercedes-Benz Classe G, 2. Land Rover Defender (12,3 %), 3. Porsche Cayenne (11,7 %)




Ce vote très "germanique" aurait sans pris une autre tournure s'il avait eu lieu en France, même si notre industrie était plutôt au creux de la vague au niveau créatif il y a trente ans. J'aurais bien vu une 504 cabriolet remporter sa catégorie "1979". A quand une telle opération dans la presse automobile hexagonale ?

mercredi 25 mars 2009

Concours de beauté youngtimers à Retro Classics 2009

Au Salon Retro Classic qui s'est tenu à Stuttgart en mars, le magazine allemand YOUNGTIMER organisait l'élection "Best Youngtimer 2009". Tiercé d'arrivée le 15 mars : Opel Commodore, VW Scirocco, Lotus Elan. Seuls les allemands et les anglais et américains organisent ce genre de compétition à grande échelle. A quand la même en France, et la création d'un véritable magazine consacrés aux "Youngtimers" ? Le phénomène des "jeunes anciennes" n'en est qu'à ses balbutiements dans l'hexagone, mais il faut garder espoir: la relève des papy collectionneurs est en marche!

  • 1èr prix: Opel Commodore Coupé B GS 2.8
Peu diffusée en France, l'Opel Commodore B était basée sur l'Opel Rekord D, et lancée en 1972. Elle proposait une présentation améliorée et des motorisations 6 cylindres en ligne, en berline 4 portes et coupé trois volumes. Sa carrière prit fin en 1977, remplacée par une nouvelle Commodore "C", basée sur la nouvelle génération dOpel Rekord.
Caractéristiques: 4 modèles: 2500 S, 2500 GS, 2800 GS and 2800 GS/E (6 cylindres, puissance de 115 à 160 ch.) Dimensions: 4607 mm x 1728 mm x 1380 mm.

  • 2ème: VW Scirocco TS
Produite de Volkswagen, de 1974 à 1982, la Volkswagen Scirocco première du nom est un petit coupé dérivé de la Golf 1, qui a permis de rajeunir l’image et la clientèle de la firme de Wolfsburg. Question d'image: elle sortit même six mois avant la Golf I berline. Dessinée par Giugiaro, la Scirocco – du nom d’un vent africain - apportait un... vent de fraîcheur par rapport à sa devancière, la Karmann Ghia des années 60.

Caractéristiques: 4 moteurs 4 cylindres, du modeste 1,1 de 50ch (!) au 1,8 litres injection de la version GLI, repris de la Golf.
Dimensons: 3 850 mm x 1 625 mm x 1 310 mm
  • 3ème: Lotus Esprit de 1981
La Lotus Esprit est un modèle qui fit date dans l'histoire de Lotus. Créée comme la VW Scirocco par l'italien Giugiaro, l'Esprit peut être considérée comme l'une des icônes des années 70, bien aidée en cela par ses passages sur grand écran aux côtés de James Bond:
Photos: Motor Klassik

Attention les filles: Roger vous emmène à la neige!

Caractéristiques: moteurs 4 cylindres 2,2 litres, plusieurs versions (jusqu'à 285 ch avec un Turbo). Dimensions: 4200 mm x 1870 mm x 1120 mm (!)

Si un tel concours avait eu lieu à Rétromobile par exemple, on aurait pu voir comme prétendantes, une belle R 25 V6 Turbo Baccara, ou une Peugeot 505 V6, voire une Citroën Visa Carte Noire...


Photos: constructeurs
YOUNGTIMER est le magazine allemand consacré aux voitures "culte" des année 70 et 80, et fait partie de la même maison d'édition que le magazine oldtimer allemand Motor Klassik.

vendredi 20 mars 2009

Les BMW “pop art” font le tour du monde

Du 12 au 24 février dernier s’est tenue au Los Angeles County
Museum of Art (LACMA) l’exposition “ BMW Art Cars“ , des voitures totalement réinterprétées par les artistes contemporains les plus célèbres, comme Andy Warhol, Alexandre Calder et Roy Lichtenstein. L’exposition itinérante partira ensuite pour la gare Grand Central de New York City (du 25 mars au 7 avril 2009), puis fera cap sur le Mexique.
La 3.0 CSL "revisitée" par Calder
La BMW 635 CSi peinte par Robert Rauschenberg (1986), et la 320i Groupe 5 par Roy Lichtenstein (1977) :










Le « BMW Art Car project » fut initié dans les années 70 par le pilote de course français Hervé Poulain. L’idée était de laisser des artistes donner libre court à leur inspiration, sur – c’était inédit – des automobiles. 1975: son ami, le peintre américain Alexandre Calder fut le premier à rendre sa copie en exerçant ses talents sur la BMW de course de Poulain. Depuis, pas moins de seize BMW, des modèles de course et de série, ont été « recréées » par la crème des artistes contemporains, comme Stella, Warhol, Lichtenstein et Rauschenberg. Dernières « art cars » crées: celles de David Hockney (1995), Jenny Holzer(1999) et Olafur Eliasson (2007). La firme BMW envisage de relancer un nouveau projet de la sorte dans un futur proche.
Les BMW „Art Cars“ ont créé l’évènement dans les plus beaux musées du monde: au Louvre, au Palais Grassi à Venise, aux musées Guggenheim de New York et de Bilbao… L’exposition continuera son tour du monde cette année, avant de rentrer en Europe l’an prochain.

Andy Warhol en pleine inspiration sur la BMW M1 Groupe 4 (1979) ... et le résultat:


Quand on voit ces BMW transformées en tableau d’art moderne mobile, on ne peut qu’être intrigué pas cette beauté mouvante, par la manière dont les couleurs et la « patte » de chaque peintre épousent les formes sensuelles de ces BMW sportives. Les voir évoluer sur circuit est encore plus impressionnant !

Hervé Poulain est commissaire-priseur depuis 1969. Il est un des associés de la grande maison de vente Arcturial, qui organise chaque année des ventes aux enchères qui font référence dans le milieu de la voiture de collection. Passionné de course automobile, Hervé Poulain a inventé dans les années 70 le concept de « Art Cars » : lors de ses onze participations aux 24h du Mans il a confié la décoration de ses voitures à des artistes de renom comme Calder, Lichtenstein, Stella, Arman, Warhol ou César. Il fait autorité, entre autres, sur le marché des Automobiles de collection et du Design. Il est également l’auteur de cinq ouvrages dédiés à l’art, dont deux consacrés à l’automobile : « L’art et l’automobile » (1973), et « Mes Pop Cars » (2006).

Liens enrichissants:

mardi 10 mars 2009

Le meilleur et le pire des restylages:

Comme tout produit de consommation, les automobiles ont cédé à la mode du restylage à la fin des années 70. Avec plus ou moins de bonheur...

" Série II ", " nouvelle génération ", " phase 2 " : autant d’appellations pour un même phénomène apparu il y a trois décennies, le restylage des voitures. Arrivée en milieu de carrière, la très grande majorité des modèles connaît un tassement des ventes et il devient alors impératif de les " toiletter ". Comme la gente féminine, les voitures ont droit désormais à leur petit (ou grand) lifting.

Pourquoi le restylage ?

Au début des années quatre-vingt, les marques automobiles adoptent de plus en plus les techniques marketing ayant déjà cours depuis des décennies pour les produits de grande consommation, comme les lessives ou la mode. Nouveau packaging, quelques grains de couleur dans la poudre, bienvenue au Nouvel Ariel ! Pour les voitures, le même principe s’applique : changer le look en conservant la même base technique, pour créer un effet " nouveauté " et faire revenir les clients. Ce travail représente des investissements de plusieurs centaines de millions d’euros, avec pour but de relancer ou au moins soutenir la deuxième moitié de la carrière d’un modèle. Depuis toujours, les voitures ont constamment évolué durant leur carrière, adoptant une touche de chrome une année, augmentant leur cylindrée une autre. Le principe du restylage consiste à regrouper une série d’évolutions esthétiques et techniques et de mettre à jour le produit à un millésime donné, le plus souvent au bout de quatre ans . Cela permet de vendre aux clients une nouveauté qui n’en est pas vraiment une: la base technique – châssis, caisse, moteurs - reste la même. Le restylage des voitures n’est finalement qu’un artifice marketing – faire passer pour nouveau ce qui n’est qu’une évolution – et les automobilistes s’y sont habitués depuis trente ans.

Le toilettage auto se systématise dans les 80's

Souvent, on utilise l’anglicisme " face lift ", littéralement retouche du visage, pour décrire ces opérations comme on en pratique en chirurgie esthétique. Les ingénieurs et designers modifient avant tout la face avant des voitures, leur carte d’identité visuelle : on reconnaît plus souvent une voiture à sa calandre que de trois quarts arrière. Mais le restylage peut également toucher la partie postérieure d’une auto, ainsi que le tableau de bord s’il en a besoin, voire les motorisations.
L’ampleur du chantier dépend en fait des moyens dont dispose le constructeur. Avec peu de moyens, on peut ajouter des baguettes chromées et de nouveaux pare chocs pour donner une touche de modernité à une voiture, et empaqueter le tout dans une belle campagne publi-promotionnelle pour espérer rameuter les clients dans les showrooms. Mais un vrai restylage, ce sont à la fois des retouches esthétique et technique, et cela nécessite des moyens conséquents.

Remodeler pour démoder

Séduits par le facelift, les consommateurs se sentent presque obligés de changer leur berline subitement démodée, alors qu’ils ne l’ont acheté que deux ans auparavant. La technique du restylage est en vérité assez cruelle et manipulatrice: son but n’est autre que de vieillir le modèle actuel en proposant une " phase 2 " " toilettée et toute fraîche, même si la voiture reste à 90% la même. Les services de pub des marques automobiles ont même trouvé un moyen pour faire avaler la pilule : ils vont jusqu’à dénombrer le nombre de pièces changées (plus d'un millier sur la Peugeot 605 Phase 2 en 1994) pour revendiquer le label « nouveauté ». Mais ne jouons pas les rabats-joie: les versions restylées sont généralement plus attractives pour les clients car elles offrent un look et un équipement majoré , pour un surcoût modique par rapport à la première génération. Grâce au face-lift, les constructeurs peuvent aussi corriger les défauts les plus criants du concept initial, comme un tableau de bord moribond ou la fadeur d'une face avant. Bref, ces voitures arrivées à maturité et désormais fiabilisées et en donnent définitivement plus au consommateur. Trois exemples pour comprendre.

Classe S (W126), 1986 : mise à jour haut de gamme

Certaines firmes n’ont pas besoin de changer grand chose pour cette opération de milieu de vie devenue systématique dans la carrière d’une automobile. Pour ne pas perturber une clientèle plutôt conservatrice et attachée à la pureté des lignes, une marque haut de gamme comme Mercedes ne modifiera pas fondamentalement le design. Pourquoi en effet changer des courbes souvent intemporelles et réputées pour leur élégance ? La marque de Stuttgart procède en fait comme toutes les autres, à des opérations de restylage, mais de manière assez discrète. Au programme: du restylage de la Classe S en 1985, moteurs plus puissants et plus sobres, généralisation d’équipements de sécurité comme l’ABS en option jusqu’alors, et quelques détails esthétiques comme une touche de chrome supplémentaire, des garnitures intérieures plus cossues et de nouvelles jantes. La limousine de Stuttgart se refit ainsi une beauté en milieu de carrière pour apparaître modernisée juste ce qu’il faut, un facelift classe empreint de discrétion. Aspirant au statut de constructeur premium, le groupe PSA s’est d'ailleurs inspiré de l’exemple de la firme à l’étoile en restylant sans brusquer leur ligne les 605 et XM dans les années 90.
Mais d’autres, souvent les marques généralistes, décident de modifier plus significativement le look et la technique de leurs modèles en milieu de vie.

R 21 : La calandre de la Turbo descend en gamme Destinée à une carrière européenne et à plaire au plus grand nombre, la Renault 21 présentée en 1986 offrait une ligne équilibrée mais assez fade, sensée ne pas choquer, tout en faisant écho à la solidité des berlines allemandes, références de la catégorie. L’intérieur de la berline moyenne du losange plaisait encore moins, les stylistes maison s’étant un peu mélangé les pinceaux entre design futuriste et élégance, et l’ensemble était piètrement réalisé. Arrivée en milieu de vie, la descendante de la R18 risquait de voir ses ventes s’effriter de plus en plus et une opération d’envergure s’imposait pour garantir une seconde vie à succès. Il était impératif de marquer le coup pour ne pas se faire sortir du coeur d’un segment de marché où la présence de la régie était indispensable, tant en terme d’image que de volumes et de rentabilité. Le face lift de 1990 apporta un " visage " beaucoup plus expressif et un arrière plus typé.
L’avant reprenait la calandre et les phares étirés de la version Turbo de la phase 1, présentée quelques mois auparavant. Le tout faisait malgré tout un peu trop rajouté, mais l’idée se défendait : les clients signeraient pour la 21 « II » et auraient l’impression d’être au volant de la version turbocompressée de 182 chevaux. Mais surtout, la partie hayon de la nouvelle version à cinq portes ne présentait pas des lignes arrière homogènes et faisait un peu sac-à-dos rapporté. Mais le public suivit : la 21 évoluait suffisamment pour mériter son qualificatif de " nouvelle " vanté sur les publicités, et la variante cinq portes à hayon devenait la préférée des acheteurs. Et avec un tableau de bord entièrement nouveau et de meilleure facture, le cocktail était vraiment gagnant. D’autres restylages " programme complet " ont ainsi prolongé efficacement la carrière de nombre de voitures : la CX, la 205, l’Alfa 33...



Citroën GSA : quand le restylage invente (presque) une nouvelle voiture
Toujours dans la catégorie des populaires de milieu de gamme, mais vingt ans en arrière. Lors de sa présentation en 1970, la Citroën GS bénéficiait de lignes plutôt flatteuses. Elle fit une carrière solide pendant les neuf premières années de son existence et connut chaque année des évolutions de détail, tant au niveau mécanique qu'esthétique, avec en particulier un nouveau tableau de bord en 1977. Deux ans plus tard, et quatre ans avant la sortie de la BX, un grand replâtrage fut donc décidé et le studio de design de la marque aux chevrons modifia sensiblement le look de la GS : boucliers de pare-chocs en plastique plus gros et plus enveloppant, phares modifiés, garnissages modernisés et... enfin, un véritable hayon. De son coté, la puissance des moteurs augmentait. Tout les éléments d’un véritable restylage étaient présents dans ce cas d’espèce et les cerveaux marketing du Quai de Javel poussèrent la logique à l’extrême, allant même jusqu’à retoucher le patronyme de la voiture : la GSA était née et permit à la berline de terminer sa carrière en beauté, tant commercialement qu’esthétiquement.

GSA : malgré des rajouts « pur plastique », la GS restylée conservait l' élégance de son ainée.










En trente ans, le facelift est devenu une étape incontournable dans la carrière des voitures modernes. Le résultat est rarement homogène sur un plan purement esthétique, et l'opération sert essentiellement à soutenir les ventes, en proposant un produit arrivé à maturité dans un packaging rafraîchi à des consommateurs dressés au culte de la nouveauté.

Notre "best of" des restylages des eighties :
1- Citroën CX 2 (1985): un design très moderne et une
ambassadrice de choc : Grâce Jones !



2- Mercedes Classe S (1986) : un lifting tout en nuances et en
finesse pour la reine des limousines




3- Peugeot 305 (1982) : ligne plus aérodynamique et nouveau slogan :
" Un constructeur sort ses griffes "


Les face lifts ratés des années 80
1 - Alfa GTV (1983) : abondance de plastique nuit




2 - Fiat Ritmo (1985) : adieu phares ronds, bonjour tristesse



3 - Austin Allegro (1980) : opération dernière chance... trop tard !


Visa Carte Noire, Ford Granada Chasseur...: ne ratez pas le prochain article consacré aux séries spéciales !