samedi 15 août 2015

Un papillon aux entrailles de Classe S


 En 1973, Hans-Werner Aufrecht acquiert pour seulement vingt-huit mille deutschemarks une 300 SL de 1956. Elle vient de passer dix-sept ans au Venezuela avant d’être rapatriée en Allemagne, car le patron d’AMG vient de recevoir une commande plutôt curieuse. L’héritier d’une riche famille d’industriels allemande rêvait d’une Mercedes à portes papillon dotée du dernier niveau de technologie Mercedes. Le plus important projet d’AMG jusqu’alors s’étalait sur une année entière, représentant 4 500 heures de main-d’oeuvre. Faute de place dans la baie moteur, l’idée d’implanter le V8 6.3 fut vite écartée.


La donneuse d'organes est une 450 SE (W116)

Sans états d’âme, les garçons d’AMG remplacèrent le légendaire six en ligne par un moderne V8 de 450 SE. Retravaillé au niveau de la culasse et du taux de compression, et doté d’un arbre à cames renforcé, le “M117” voyait sa puissance grimper de 225 à 280 ch. Soucieux de son confort, le client, aux moyens visiblement illimités, fit même installer une boîte automatique et la direction assistée ! L’adaptation de cette dernière nécessitera à elle seule trois mois de labeur.

Melcher créa pour cette 300 SL “année modèle 1974” un spoiler noir sur mesure – il fallait oser – et fera repeindre tous les chromes dans cette teinte. Si ce 300 SL rouge pouvait choquer – le spoiler, les jantes Fuchs et les élargisseurs d’ailes font très tuning –, la qualité du travail était à saluer. On ne comprendra pourtant jamais ce qui poussa le commanditaire à débourser l’équivalent de deux 300 SL de collection pour s’offrir cette transformation délirante… Regretta-t-il un jour ce crime de lèse-majesté ? En tout cas, il exigea qu’on ne dévoile jamais son nom… Trente ans plus tard, AMG réitérera l’opération, greffant cette fois la chaîne cinématique du 500 SL (R129) sur quelques vénérables coupés papillon...